Hennebont. Les Bretagnards ou la passion bretonne pour les Pyrénées
Après sa trilogie des Bistrots Breizh, consacrée à la découverte à vélo des vieux cafés bretons, le Hennebontais Pascal Le Liboux s’intéresse aux colonies de vacances qui ont permis à plusieurs générations de Bretons de découvrir les Pyrénées.
Il y a les Bretons, les montagnards, et quand les deux s’additionnent, les Bretagnards. Un joli néologisme qui donne son titre au quatrième livre de Pascal Le Liboux. Après trois tomes rafraîchissants consacrés aux vieux bistrots, découverts à travers un périple cycliste sur les routes bretonnes, l’Hennebontais (il est par ailleurs conseiller municipal et vice-président de Lorient Agglomération), donne encore du mollet.
Cette fois, il est question de randonnées dans les Pyrénées. Une passion bretonne, née au sortir de la Seconde Guerre mondiale, que cet ouvrage de 144 pages s’emploie à retracer avec une subjectivité assumée.
Ainsi, au commencement était l’abbé Boutet. Nous sommes en juillet 1945, un bâtisseur incroyable
, qui emmène 80 garçons et 50 filles à Aulon, en vallée d’Aure. Le succès est fulgurant, avec 400 participants deux ans plus tard, puis 650 en 1951. Dans la Bretagne rurale, pas forcément très riche, la colonie de vacances était la seule possibilité d’évasion
, observe Pascal Le Liboux.
Prêtre « contrebandier »
Le début d’une relation étroite entre plusieurs générations de Bretons, pour beaucoup du Morbihan et du Sud-Finistère, et les massifs pyrénéens. Dans Les Bretagnards, les souvenirs de l’auteur vont à deux prêtres de la congrégation des Spiritains, Pierre-Marie Menguy et Jean Dehais, qui prendront le relais de l’abbé Boutet. S’y mêlent aussi des anecdotes plus ou moins personnelles, les fiertés adolescentes après l’ascension d’un col.
C’est aussi la description d’une époque révolue, avec ses conditions d’hygiène et de sécurité toutes relatives, ses personnages hauts en couleur. Ainsi, à propos de ce géant barbu de 120 kg
, qu’était le père Menguy, Pascal Le Liboux écrit : Insoupçonnable comme un homme d’Église peut l’être, démontrant, avec ses pulls en guenille et ses salopettes percées, son vœu de pauvreté (l’épouse du douanier du Val d’Aran lui faisait, encore il y a peu, un colis de Noël, avec les chemises usagées de son mari), il n’en fut pas moins le plus redoutable contrebandier des années 1970-1980. Assumant parfaitement son trafic (« Dieu a créé le monde sans frontières »), il passait jusqu’à 800 litres de porto par an, dans des jerricans épousant à la perfection les dimensions des marches de son car.
« Noces d’or » avec les Pyrénées
Combien de Bretagnards ? Des milliers, assurément. La deuxième partie du livre dresse une galerie de portraits de Bretons qui ont fait des Pyrénées leur métier, leur vie. Des guides de haute montagne, des moniteurs de ski, d’escalade, une gardienne de refuge… Une procédure est d’ailleurs en cours pour baptiser officiellement un sommet « Pen des Bretagnards ».
Pascal Le Liboux, qui vient de fêter ses noces d’or
avec la chaîne pyrénéenne (il y retourne chaque année depuis un demi-siècle), en est convaincu : malgré la fin de ces colonies pour raison économique, la lignée des Montagnards n’est pas pour s’interrompre. Il y a toujours un centre qui accueille des scolaires
, indique-t-il. Et aussi, toujours des Bretagnards pour transmettre leur passion.
Son livre, disponible, selon la formule, dans toutes les bonnes librairies, n’est peut-être pas non plus le dernier. Footballeur invétéré – il joue encore en club -, Pascal Le Liboux recèle d’anecdotes sur les rencontres de district (les dernières divisions), ses derbys, ses arbitres bénévoles, ses fratries… En somme, encore des histoires de mollets.
Les Bretagnards , de Pascal Le Liboux, 15 €, aux Éditions Tilenn.